Essai – l’écriture de journal, “journal de travail”

Note, aussi : ce n’est qu’ici, et très lentement, que j’entre dans la compréhension de l’essai. Écrire, se laisser écrire, au fil, dans le geste, pour chercher. Et laisser, surtout, les séquences de texte non finies, non résolues, les loose ends pendantes, les contradictions ou non sequitur telles quelles, les effets de diffusion des questions (plutôt que leur aiguisage) le plus souvent. Combien en cet état les apprentissages et les élucidations, partielles, en voie, de passage, restent valables, entrés, avancés.

Ce qui est rendu perceptible : la densité d’une pression d’idée, en rapport avec les filages d’écriture qui doivent être développés pour l’examiner, la former, tourner autour d’elle. Comment un désir intellectuel, désir de sens, désir de formage. Faire.

C’est bien cette fabrique incertaine, de bribes, de non-rature, d’ébauche, qu’on aime dans la lecture des journaux comme genre littéraire : y compris parce qu’une certitude s’y inscrit dans la traverse – les laboratoires ont une direction, des thèmes qui circulent, des associations à venir, où le lecteur est dans une compagnie intime avec l’auteur des bribes, il tisse autant.

Aussi : il y a le plaisir de l’insavoir, du à-savoir, chercher, processus de la recherche, qui se réalise par beaucoup de lecture et cogitation mais sauts d’idée, données (soudain, tardivement, intempestif, adventice, par d’autres lectures ou rencontres ou imitations) par l’imagination, désir, désir.