Émotions politiques : la joie (démocrates américains, K. Harris)

J’ai du mal à m’accommoder à la notion d’émotions politiques (j’ai résisté à l’essai d’Eva Illouz sur leur déploiement en Israël contemporain), même si je m’y retrouve(rais) mieux devant le sentiment politique, sur le modèle du linguistique saussurien.

Mais j’observe plus convaincue par l’observation concrète le revirement frappant de l’humeur dans le parti démocrate américain, et des termes de la campagne présidentielle par conséquence directe. Les termes, les stories, les représentations, tous sont changés rafraîchis et immédiatement adoptés, diffusés à tout vitesse, relayés repris, effet collectif en traînée de poudre à travers l’immense texture politique et médiatique, publique, états-unienne. Retrait de J Biden, émergence (elle était déjà là, dans quels termes, et maintenant dans lesquels est-elle reconsidérée, à cette lumière soudainement neuve) de Kamala Harris comme pôle évident de focalisation. Les redistributions des positions, pieds, critèmes, mots d’ordre, slogans, blagues et insultes, etc. Redistribution des groupes mêmes, nouveaux groupes d’électeurs (constituencies), apparus au radar des gestionnaires des fonds de contribution aux partis.

Sur la joie : celle de la récohésion, de la levée de blocages inquiétants, mais aussi le thème de l’humour et de la gaîté en elle-même : le rire de K Harris, objet de campagne trumpienne, et le rire comme ingrédient de personnalité susceptible de devenir un trait politique.