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“Le fétiche” : prise sur la littérature en culture numérico-libérale

Précieux travail et précieuse suggestion générale, orientation critique, du Fétiche et la plume d’Hélène Line et Inès Sol Salas (Rivages, 2022). La ligne générale du propos, un stock taking (je fais comme elles, peppering with Englishisms, pour raison de capitalisme globalisé), connaisseur et documenté, des facettes associées, solidaires, de phénomènes contemporains dans le marché, le “trading” littéraire. Transformations, dans l’ère du marché de l’attention, de la généralisation informationnelle et interchangeable des signes, désintermédiations et dés institutions néolibérales.

Beaucoup à y apprendre et retenir, de ces mises en relation, ce tracé systémique : qui éclaire les points nodes actuels, placés pour beaucoup en dehors de la carte qui était connue (périphéries, extensions, mais aussi métalepses, d’autres plans, autres dimensions nouvellement introduites et nouées : extension même, ordinaire, du capitalisme comme expansion de ses extérieurs : territoires géographiques, marchés, corps au travail, mais plans d’objet, dimensions de la vie sociale, humaine, naturelle. L et SS invoquent Boltanski et Chiapello, toujours point de référence active :

Pour maintenant son pouvoir de mobilisation, le capitalisme va puiser des ressources en dehors de lui-même, dans les croyances qui possèdent à un moment donné du temps, un pouvoir important de persuasion, dans les idéologies marquantes, y compris lorsqu’elles lui sont hostiles, inscrites dans le contexte culturel au sein duquel il évolue. (59 de L’Esprit du cap ; 186 du Fétiche)

Nodes, relations systémiques et symbioses, logiques communes à l’œuvre.

Il y aurait deux ouvertures :

  • une historicisation plus longue du rapport capitaliste de la littérature à la société et à la culture de marché. Travail d’une autre nature, donc son absence ou sa présence comme virtualité et suggestion vont très bien, cernant le projet ici en tant que dénonciation et alerte. Le travail de montrer les états et les relations se suffit à lui-même évidemment et suffit au geste critique. Mais : reprendre par The Language of the Walls par ex, Sara Thornton, Dickens et la publicité, et à partir de cette maille toute l’histoire de la littérature moderne, depuis Defoe. La dénonciation serait activée comme amorce : le travail de fond est après, et lourd, mais justement ouvrable
  • la résistance, ses modes et ses positions sociales et sociologiques – et idéolo-capitalistes – du mythe et “fétiche“, du “littéraire”. Avancé instrumentalement comme borne, contre-contremodéle, nécessairement, dans la structure critique du livre. Mais surtout évoqué en tant que question, et symptôme intégré de la situation analysée. Comment et où ce mythe perdure (système mythologique – voir traitement à la Barthes ?), son efficacité dans le système culturel sous étude, et ses lieux institutionnels (l’école) et idéologiques (les imaginaires, utilisables par toutes les façons et tous les intérêts). Sans doute le livre prévoit ça ? Je n’ai pas encore compris à quel chapitre, à voir bientôt j’imagine. Sur le fétiche, bien des appuis critiques, dans de vastes bibliographies critiques. Occasion de les reprendre et les actualiser, les interroger à génération nouvelle.

OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
Claire Joubert (6 avril 2025). “Le fétiche” : prise sur la littérature en culture numérico-libérale. Ce que fait un angliciste. Consulté le 17 mai 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/13ovg


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