Culture numérique : espaces discursifs

Michel Desmurget, La Fabrique du crétin digital, 2019 également (et Prix Femina de l’essai) : j’ai commencé par me demander pourquoi cette dépense polémique, avec son mode assez grossier. Et me rends rapidement au projet : car il part sur une lecture systématique de discours, dont j’avais mal la culture (elle a cours en France, et dans l’espace ouvert du “débat public” si difficile à habiter) et qui est important à situer. Petite Poucette ; certaines voix pédago pour le numérique à l’école et comme désarchaïsation de l’école (Jean-Michel Fourgous, je découvre, auteur et tête de mission parlementaire, Rapport de 2012). +, il faut dire, énorme brassage et maîtrise (apparemment) d’une “littérature” spécialisée elle-même énorme (pratique de la discussion bibliographique, criblage de citations : qui fait entendre la densité de l’activité d’étude et du “digital literacy debate“.

Il dit (ou cite, prenant les formules de ses alliés scientifiques lus, neurosciences) : “légende urbaine” (imprégnation américaine), mythe, fiction, “chimère fondatrice”…

Les questions du numériques en effet à cartographier dans ces dimensions aussi. C’est toute la spécificité des questions “sociétales” étudiées en recherche, ces interfaces et plaques tournantes complexes, de malentendus, et assourdissement. Tout l’intérêt est là. Espace de la culture. Peuples du numérique, ici-même à l’œuvre. Vox populi. Et …

Ici une qualité particulièrement dense, ou réflexive et redoublée, de la même situation classique (soit : vie sociale et étude sociale) : par l’implication de la science dans l’objet lui-même. Sciences de la science et de l’éducation, discours publics sur la science et au nom de références scientifiques, tournants technologiques des générations et idéologies de la technoscience en jeu.

Le pamphlet de Bruno Patino, La Civilisation du poisson rouge (et sa suite maintenant) : appartient en partie au même espace. De la polémique. Depuis une autre section professionnelle, journalisme, médias.